Un collectif de neuf acteurs* engagés dans l’économie sociale et solidaire lance le projet Ïkos, un village du réemploi unique en France. Prévu sur le site de La Jallère à l’horizon 2026/2027, Ïkos s’étendra sur 12 000 m² et se consacrera à la collecte, au tri, à la transformation et à la vente d’objets de seconde main, tout en sensibilisant le public à ces pratiques. Avec un budget estimé à 18,5 millions d’euros, soutenu par différents acteurs dont BMA, Ïkos devrait également créer une centaine d’emplois, dont plus de 50 % en insertion. Plus d’explications avec Marion Besse, directrice du projet.

Face à laugmentation constante des déchets sur la métropole, amplifiée par la croissance démographique, les acteurs de l’Economie sociale et solidaire (ESS) spécialisés dans le réemploi peinent à trouver les ressources et lespace nécessaires pour continuer leurs activités.

« Non seulement cette accumulation dégrade nos conditions de travail, mais elle freine également notre développement et la création d’emplois, notamment en insertion », explique Marion Besse.

En parallèle, le secteur fait face à une nouvelle concurrence : les plateformes en ligne de seconde main, qui privilégient la rentabilité sans prendre en compte les enjeux de développement durable ou demploi en insertion.

La naissance d’Ïkos : un projet collectif et novateur

Cest en 2017 que lidée dun projet ambitieux est née : rassembler plusieurs acteurs de lESS pour créer un village dédié au réemploi solidaire. Lobjectif ? Proposer une offre globale de produits de seconde main dans un même lieu, offrant ainsi un avantage compétitif face aux acteurs privés, tout en permettant au collectif de se concentrer sur sa mission principale : le réemploi solidaire.

Le projet, baptisé « Ïkos » (qui signifie « maison » en grec), devait cependant relever un premier défi de taille : trouver un emplacement. Après plusieurs années de recherche, perturbées par la rareté des terrains constructibles, les élections municipales et la pandémie, un terrain a finalement été identifié à La Jallère, au nord de Bordeaux, avec le soutien de Bordeaux Métropole et de la municipalité de Bordeaux.

Un accompagnement essentiel

La découverte de ce terrain marquait un tournant, mais laventure ne faisait que commencer. « Nous navions ni programme ni expérience en immobilier », rappelle Marion Besse. Le soutien de la métropole a donc été essentiel, notamment grâce à sa mise en relation avec la Fondation Artelia. Dautres partenaires comme la foncière solidaire Bellevilles et la Banque des Territoires ont également joué un rôle clé, en apportant un accompagnement technique et juridique. Après des mois de travail, le collectif a pu établir son programme et créer la SAS immobilière d’Ïkos en juillet 2023.

Cependant, un autre défi attendait le collectif : obtenir les fonds nécessaires. Les acteurs de lESS nayant généralement pas dexpérience en immobilier, il a fallu sensibiliser et convaincre des partenaires publics et privés de la viabilité du projet, en insistant sur son potentiel de création demplois et de gestion responsable des déchets.

Grâce à cet effort, Ïkos a pu obtenir le soutien de nombreux acteurs, dont BMA, la Banque des Territoires, l’Ademe, lEurope, la Ville de Bordeaux, Bordeaux Métropole, et la Région Nouvelle Aquitaine.

Une fois ces soutiens sécurisés, Ïkos a lancé les consultations publiques pour trouver un promoteur immobilier. Le dernier obstacle à surmonter était l’Assistance à maîtrise douvrage (AMO), un poste clé pour la réussite du projet.

Cest grâce à lintervention de la mairie de Bordeaux que le collectif a rencontré Claire Vendé, directrice générale de BMA, et Nicolas Martin, directeur de laménagement. « Dès le début, le contact est très bien passé », se souvient Marion Besse. Quelques mois plus tard, BMA sest non seulement engagé à investir dans la SAS, mais également à travailler en co-maîtrise douvrage aux côtés dïkos.

Vers la réalisation du village du réemploi

Désormais, Ïkos est porté par une dynamique solide. Avec la désignation récente du promoteur immobilier Atlantique Gascogne Constructions, du groupe Cassous, le projet franchit une nouvelle étape avec la signature d’un contrat d’étude préliminaire, qui sera suivi en janvier 2025 par la signature d’un contrat de promotion immobilière. Le dépôt du permis de construire suivra rapidement, ouvrant la voie à une inauguration prévue pour 2026 ou 2027.

Ce village du réemploi se distingue par son approche intégrée de la gestion des déchets et son ambition de sensibiliser le public à limportance du réemploi. « Nous voulons que ce village devienne le Futuroscope du réemploi, un lieu où les visiteurs pourront découvrir les coulisses du tri et comprendre limportance de la gestion des ressources », explique Marion Besse avec enthousiasme.

Bien que le projet immobilier ne soit pas extrêmement rentable, les activités de réemploi qui s’y déploieront sont cruciales pour la création demplois locaux et pour le développement durable du territoire. Marion Besse souligne enfin : « Ce projet offre à Bordeaux une opportunité unique de devenir un leader dans l’économie circulaire et un modèle reproductible à l’échelle nationale. Nous sommes déterminés à en faire un symbole dinnovation sociale et environnementale. »

*Ïkos est porté par :