Le 31 juillet 2017, dans l’objectif d’accompagner Jeunesse Habitat Solidaire dans sa volonté d’offrir aux jeunes adultes une solution d’accueil sociale et innovante, Bordeaux Métropole Aménagement lui confie la gestion de la résidence réhabilitée Santé navale, située dans l’îlot Santé navale à Bordeaux. L’association y accueille, sous le même toit, un foyer de 64 logements pour les jeunes travailleuses & travailleurs et 115 logements étudiant.e.s afin de favoriser le lien social, l’interculturalité & l’insertion socioprofessionnelle. Plus d’explications avec Abdel Eddaoui, directeur général de Jeunesse Habitat Solidaire.

Abdel Eddaoui, directeur général de Jeunesse Habitat Solidaire

Abdel Eddaoui, directeur général de Jeunesse Habitat Solidaire.

1. Qu’est-ce que Jeunesse Habitat Solidaire ?

« Adhérente à l’Union professionnelle du logement accompagné (Unafo), Jeunesse Habitat Solidaire est une association loi 1901 qui a une longue histoire… Reconnue d’utilité publique depuis 1958, elle est le fruit de la fusion de deux associations bordelaises : Foyer Pour Tous (fondée en 1920) et L’Éveil Habitat Jeunes (fondée en 1901).

Aujourd’hui, l’association, avec une quarantaine de salarié.e.s, est une actrice importante de l’habitat des 16-25 ans dans la métropole bordelaise et le premier gestionnaire de foyers pour les jeunes travailleuses & travailleurs en Aquitaine.

Dans un contexte de mobilité géographiquese loger est une priorité pour les jeunes qui souhaitent construire leur projet de vie, l’association propose des solutions peu coûteuses pour des séjours de quelques nuits à deux ans.

Pour cela, sur la Métropole de Bordeaux, nous gérons cinq résidences (soit 580 studios tout équipés), qui accueillent sous le même toit, de jeunes travailleuses & travailleurs et des étudiant.e.s en fonction de leurs revenus et de leurs projets professionnels.

Cette pluralité et cette diversité sont un choix de l’association. Quelles que soient leurs situations sociales, professionnelles, leurs âges, leurs origines, l’association souhaite développer le lien social et l’interculturalité avec les jeunes en mettant à leur disposition des espaces collectifs favorisant le “vivre-ensemble”, la mixité et en organisant des animations socio-éducatives.

Ainsi, nous disposons dans chaque résidence, d’une équipe de professionnel.le.s de l’AIOA (accueil, information, orientation, accompagnement) qui épaule les résident.e.s dans l’appropriation de leur logement, la vie collective, l’appui à la vie professionnelle en lien avec d’autres acteur.rice.s

Notre objectif est d’offrir à tous ces jeunes un accès à un logement sain dans le cadre d’un habitat semi-collectif où les enjeux liés à l’alimentation, la santé, la citoyenneté, la mobilité professionnelle (…) sont abordés… en bref, un logement tremplin qui fluidifie leurs parcours résidentiels et leur permette de s’insérer du mieux possible dans la vie, dans une démarche globale qui conjugue autonomie et responsabilité en lien avec leurs besoins et les acteur.rice.s du territoire. »

2. Comment s’est nouée votre collaboration avec BMA ?

« La collaboration entre BMA & Jeunesse Habitat Solidaire s’est nouée dans les années 2010, lorsqu’Arnaud Dellu, aujourd’hui décédé, était le directeur général de l’association. Il se souvenait je le cite : “d’une belle rencontre”, et saluait l’intention de BMA de vouloir donner à l’immeuble Ferbos une utilité sociale après sa réhabilitation.

En effet, sa localisation exceptionnelle, proche du lycée Gustave Eiffel, aurait pu susciter d’autres intentions plus lucratives.

Néanmoins, un bâtiment à réhabiliter n’est jamais autre chose qu’une coquille vide. C’est pourquoi, en collaboration avec les équipes d’Arnaud Dellu, BMA a réalisé des logements & des espaces collectifs, y compris sportifs, qui répondaient aux besoins architecturaux et au projet social de l’association.

Cette collaboration avec BMA est pour nous fondamentale et nos échanges actuels avec BMA — leur direction générale — témoignent d’une belle qualité de la relation. Sans aménageur qui adhère à nos ambitions sociétales, on ne peut pas faire grand-chose !

En s’engageant auprès d’une structure reconnue d’utilité publique telle que la nôtre, la confiance que nous accorde BMA revêt une dimension bien supérieure à celle d’une gestion immobilière basique et manifeste en filigrane une intention forte : celle de faire vivre un territoire avec ses acteurs, ses habitants, ses jeunes. C’est ça le sujet aujourd’hui, le travail mené avec BMA en est une manifestation ».

3. Quels sont les projets et ambitions de Jeunesse Habitat Solidaire ?

« Très concrètement et à court terme, nous cherchons à renforcer notre ancrage avec des acteur.rice.s locaux.ales sur différents projets d’insertion et/ou d’animation socioculturelle et aussi avec les acteur.rice.s économiques employeur.euse.s du territoire. Au sortir de la pandémie de la Covid-19, nous avons développé une offre d’hébergement via le dispositif Hab’Solut pour favoriser l’emploi des saisonnier.ère.s. En 2022, nous avons participé à La Grande Tournée animée par la Fabrique Pola en accueillant dans nos résidences de jeunes artistes issu.e.s des territoires périurbains et ruraux, sur l’année 2023, l’animation de ciné-débat avec un acteur associatif issu des bancs de Sciences Po Bordeaux. Aujourd’hui, pour la résidence Ferbos, par la réalisation d’un partenariat avec un restaurant social du côté de Barbey.

Nous souhaitons également dans un avenir proche, développer de nouvelles résidences pour les jeunes qui souhaitent s’inscrire dans un projet d’insertion ainsi que dans un parcours résidentiel après leur passage en foyer de jeunes travailleurs.

Nous travaillons aussi sur l’accompagnement dans des logements en diffus adaptés à différents publics, de la personne seule aux familles, et toujours dans une démarche d’insertion sociale et professionnelle.

Nous pouvons collaborer avec des bailleurs sociaux ou des promoteurs sur des projets de résidences étudiantes, intergénérationnelles, etc., avec une ambition toujours présente de favoriser le lien et la pratique de solidarités concrètes, une capacité à faire lien qui est reconnue. Nous sommes structurés pour cela avec des compétences présentes en interne. »

4. Vous portez aussi d’autres dimensions dans votre activité. Pouvez-vous nous en dire plus ?

« Oui. Par notre positionnement, à l’articulation de deux réglementations (celle du code de construction et de l’habitat et celle de l’action sociale et des familles), nous sommes un maillon entre les politiques de logement et d’insertion. Notre pratique sociale de l’accompagnement dans le logement nous permet d’observer, mais aussi de mettre en œuvre les transitions sociétales et écologiques en cours — avec nos partenaires bailleurs, les résident.e.s et différent.e.s acteur.rice.s du territoire.

Nos compétences développées en interne et en externe, comme par exemple le Mastère spécialisé® “Expert en environnement et développement durable parcours management global de la RSE et du développement durable” délivré par l’École des Mines Paris sur lequel l’association a souhaité que je me forme, nous permettent d’une part de répondre à de nombreux appels à projet d’envergure, et d’autre part, d’offrir une solide expertise sur les sujets liés aux transitions, au développement durable et à la manière dont la valeur se crée sur un territoire.

Notre capacité de contribution positive est remarquée et se traduit par notre participation à différents endroits ; nous avons été retenu par la région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de l’Appel à manifestation d’intérêt (AMI) du programme d’Innovation Sociale Terena sur le thème : « Comment fait-on modèle ? » Le travail engagé avec nos salarié.e.s et nos résident.e.s à des formations et à des évolutions exemplaires dans les pratiques quotidiennes, la participation prochaine aux rencontres des transitions organisées par l’Université de Bordeaux…

Nous sommes convaincu.e.s que notre association, actrice de l’Économie Sociale et Solidaire, doit assumer ce qu’on appelle maintenant la responsabilité territoriale des entreprises”. Nous en avons mesuré les enjeux en participant aux travaux de la Chaire TerrESS de Sciences Po Bordeaux. À nous de nouer et consolider les partenariats favorisant le lien social en notre qualité de structure reconnue d’utilité publique à un moment où les entreprises de l’économie dite classique développent leurs raisons d’être ! »

Découvrez ci-dessous le témoignage de Raphaël Barrento Antunes, ancien résident de la résidence Santé navale.

témoignage de Raphael Barrento Antunes

Îlot Santé navale : six siècles d’histoire…

L’îlot Santé navale repose sur un emplacement occupé depuis 1586 par la ville de Bordeaux. Tour à tour, hôpital de la contagion, maison de force, dépôt de mendicité, hôpital spécial pour les aliénés, l’îlot Santé navale accueille L’école principale du service de santé de la marine au début des années 1890.

Cette école était une grande école militaire qui a formé jusqu’en 2011 des médecins — dits « navalais » — destinés à servir au sein du ministère de la Défense. L’immeuble Ferbos quant à lui, était le bâtiment de logement principal des élèves.

Après les recherches archéologiques débutées en 2012, les travaux de démolition, le désamiantage et la réhabilitation du bâtiment, BMA livrait en 2017 la résidence Santé navale à Jeunesse Habitat Solidaire.